À contre courant "le chemin inversé"

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Tout au long du chemin de Hendaye à San Sebastian et durant la nuit "qui porte conseil" chez Marina, je me suis laissé aller à réfléchir sur le choix renouvelé, personnel et libre du chemin. Je m'inquiétais aussi beaucoup et le vivais mal. En effet, je me suis "imposé" une deadline au 25 mai pour rentrer à Paris parce que j'ai promis, il y a presque un an, à mes amis (narvalos) de leur faire visiter Prague au cours du long weekend de fin mai ... je tiendrai ma promesse avec joie mais plus jamais je ne ferai de telles promesses ... quelle connerie ! ... cette "limite" m'imposait d'arriver à Santiago avant le 25 mai. 800 km ... Cette "limite" ajoutait un defi inutile et contraignant que je vivais mal, moi qui suis tout sauf dans la compétition que j'execre car elle est l'origine de grands malheurs, d'inégalités, d'injustices, de guerres, de misère, de pouvoirs arbitraires, de mal êtres, de suicides, etc. Mon chemin, comme ma vie,  est un chemin de paix, d'humilité, de sérénité, de créativité, d'apprentissage et de liberté. Incompatible avec les exigences d'un challenge sportif malsain ... Et si je n'arrivais pas à temps à Saint Jacques ? Et si je me pressais pour être certain d'être dans les temps ? Et si je courrais au risque de ne pas en profiter ? Et si .... Pourquoi s' imposer de tels tourments ? Pour une promesse faite il y a bien longtemps, bien avant que je change ? Une promesse que je regrette ? Pour l'honneur et le devoir ? Pourquoi être si dur envers moi même ? Pourquoi me maltraiter ainsi au risque de tout gâcher, de prendre des risques inutiles et mettre à mal ma santé ? Stop ! ... Il est si simple d'accepter et de se laisser libre de suivre son propre chemin tout en se bien traitant. Je suivrai le seul chemin qui me ressemble, le mien, celui de l'apaisement, de la sérénité et de la liberté. Le chemin m'est propre. Ainsi j'ai décidé, et ne le regrette pas, de faire le chemin à l'envers pour le faire apaisé et parce que c'est rigolo, original, libre et surtout parce que c'est mon chemin, ma vie, ma paix et mon rythme. Je n'ai jamais aimé suivre les sentiers tracés. Je ne suis jamais où on m'attend. Je ne suis pas "conforme". Je pense, j'essaie, je fais, je rectifie, je fais, à l'infini de mon être non fini, je vis. C'est ainsi que je suis ...  J'ai justement pris le chemin de compostel, ça aurait pu être un autre, pour sortir des carcans des "il faut que", "on doit", "obéissance et devoir", "perfection", "soumission", "on a toujours fait comme ça". Mon monde à moi est mouvant, libre, changeant, imparfait, pacifiste, novateur. Je prendrai donc un chemin à cette image : "un chemin inversé, à contre courant". Ouf .... je me sens en plein accord avec moi même ... la terre était plate avant d'être ronde ... le chemin de compostel peut se faire à l'envers, de Santiago au Puy en Velay, peu importe le sens de la marche, c'est le chemin en lui même qui a du sens ... fi des orthodoxes et des puristes ... ça fait du bien de changer de point de vue ... vous qui me lisez, essayez, un instant, de changer votre point de vue, de changer vos réflexes et d'abandonner les préjugés ... pensez-y, osez le faire et vous verrez comme vous vous sentirez bien soudainement, libérés des contraintes, des angoisses erronées et des a priori ... il est possible d'être heureux, je vous l'assure ... Prenez le chemin qui est le vôtre, à contre courant, ou pas, pourvu que vous soyez bien et en harmonie... Après 12 heures de tortillard à travers les montagnes et les paysages changeants, de San Sebastian à Santiago, je vous écrit des abords de la cathédrale à la coquille ... Quelle ville ! Quelles beautés ! Quelle liberté ! Quel bonheur ! Je ne vous en dit pas plus sur la ville car vous la découvrirez par vous même un jour ou peut être y êtes vous déjà allé ... Je repartirai à pied demain matin sur mon "chemin inversé", vers O Pedrouzo puis Arzua ... le chemin me dira ensuite où aller. Je laisse faire la vie ... J'ai eu si froid à Pasaia et San Sebastian le soir puis si chaud dans le train hier que je me suis réveillé ce matin fiévreux et faible. Heureusement, la vie sait ce qu'elle fait et cette étape imprévue, à ce moment du voyage, à Santiago me permet de me reposer et de récupérer tout en visitant la ville. Et si j'avais continué sur le chemin prévu, à marcher, faible et malade ? Je n'aurais pas tenu longtemps ... cqfd ... merci la Vie ! Merci la vie de n'être pas une ligne droite ni un chemin prédéfini ! La vie est si bien faite qu'elle sourit à ceux qui écoutent leurs instincts et osent la réinventer à chaque pas ... à suivre. Yann. (Santiago de Compostela le 11 avril).

À contre courant "le chemin inversé"
À contre courant "le chemin inversé"
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À contre courant "le chemin inversé"

Publié dans yann lemeux, compostel

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M
Bonjour Yann, tu vis et "ressens" intérieurement sans (seulement) "mentaliser" ! C'est magnifique et génial ! Bon courage pour la suite. Bises
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L
waouh ! que c'est magnifique ! merci de partager tes émotions, tes photos, tes pensées, tes réflexions avec nous !<br /> bises
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M
Yann, <br /> Comme toujours lorsque je découvre à ton contact quelque chose de nouveau pour moi, je vais à la découverte, je fouille, je me documente, j'explore... je cherche &quot;du sens&quot;, je m'interroge sur &quot;le but du but&quot;, et je partage avec toi en retour ce que j'ai découvert. Ta décision de &quot;chemin inversé&quot;, me parle beaucoup, et j'imagine que la décision n'a pas été facile à prendre... Au cas où aujourd'hui ce choix que tu as fait ne serait pas facile à assumer (ce que je ne crois pas car tu as déjà fait beaucoup de chemin vers l'autonomie...), je te propose ci-dessous en partage une lecture que j'ai trouvé en me questionnant sur moi-même et les chemins que j'ai pris. Comme je t'ai dit souvent : &quot;il n'y a pas de bon ni de mauvais chemin... nous avons le droit de rebrousser chemin, de prendre une autre voie, de nager un temps à contre-courant, et de se raviser...&quot;. Ne voyons pas ceux qui se permettent de juger nos choix ou notre façon d'être comme des ennemis... C'est juste que leur regard sur le monde est différent du notre parce qu'ils n'ont pas pris les mêmes chemins que nous...<br /> Bonne lecture. Je t'embrasse fort pour te réchauffer s'il fait froid.<br /> Ton amie<br /> <br /> « Le chemin <br /> Demain, je prends le chemin ; … un jour, j'irai à Compostelle, je prendrai le chemin ; … je partirai bien sur le chemin, mais ; … le chemin, c'est quoi… ? <br /> Combien de fois entendons-nous cela ? <br /> Le chemin, c'est comme une maison aux fenêtres fermées et aux volets clos. Certains se renferment à l'intérieur et vivent avec une mince lueur de bougie. Ils ont froids, ils ont le sentiment d'être seuls, oubliés. Pourtant, au dehors, la lumière est magnifique, le soleil brille de tous ses feux et réchauffe l'atmosphère, les oiseaux chantent. Alors, un sentiment curieux, inattendu les envahit, et timidement, ils se dirigent vers une fenêtre, l'ouvrent. Oh, juste un peu, pour voir, pour sentir. Et puis l'envie leur prend d'entrouvrir les volets, et là …, la lumière, la chaleur entre dans la maison. Tout devient alors plus clair, plus beau. Leur visage aussi s'éclaire et à son tour illumine le moindre petit espace resté dans l'ombre. <br /> Le chemin est entré dans la maison. <br /> Aujourd'hui, je sais que cette maison, c'est moi, mon cœur, mon âme. Je le sais car j'ai vécu cet instant merveilleux où j'ai choisi d'ouvrir une fenêtre, puis un volet. Aujourd'hui, ce sont toutes les fenêtres, tous les volets qui sont grands ouverts. <br /> Si vous le désirez, je vais vous raconter comment cet instant est né en moi. »<br /> <br /> La suite.... en lisant l'auteur du blog <br /> http://www.webcompostella.com/Le-chemin-c-est-quoi_a338.html<br /> Bonne lecture à tous ceux qui ont la chance de bénéficier de ce merveilleux fil invisible qui nous relie...
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Y
Damian. Merci pour tous tes messages de soutien et d'encouragement qui me sont très précieux. Ton amitié me l'est aussi. Salut à toi pèlerin. Y.
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D
Bravo, Yann ! C'est extrêmement *courageux* de ta part d'accepter cette (première ?) leçon du Chemin : le Chemin, puisque c'est toi qui le faites, tu le fais *comme tu l'entends*. Ça n'a strictement aucune importance que tu le fasses &quot;à l’envers&quot; : non, tu avances seulement dans le sens contraire de la plupart des pèlerins. Tu l'exprimes très bien toi-même et je ne peux qu'être très heureux et te féliciter de ta décision. C'est ça un vrai pèlerin ! Peu importe si tu es faible, les pèlerins et les chargés des refuges prendront soin de toi. Ou pas (très rare). Ça fait aussi partie de l'expérience. Ce n'est absolument pas le sens du parcours ni la dureté ou facilité du même qui ont de l'importance, mais exactement ce que tu as fait : t'écouter toi-même, ton instinct profond. Ce n'est pas grave non plus si tu décides d' &quot;abandonner&quot; en cours de route : simplement, &quot;le Chemin&quot; (c'est-à-dire, ton intérieur) te fait savoir que ça serait inutile de le faire *maintenant*, il te donne simplement rendez-vous pour plus tard (ton intérieur te le précisera). Ce n'est pas les km qu'il faut compter, mais ce que tu parcours vraiment à l'intérieur de toi-même, dans ton âme, dans ton cœur. Va donc, continue ton Chemin, et songe aux vers d'Antonio Machado, mis en musique par Joan Manel Serrat : &quot;Caminante, no hay camino; se hace camino al andar / Al andar se hace camino, y al volver la vista atrás / Se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar&quot; (Marcheur, il n'existe pas de chemin : on fait son chemin en marchant / En marchant on trace son chemin, et en regardant en arrière / On voit le sentier que plus jamais l'on parcourra). ¡Buen camino, peregrino, y ultreia!<br /> <br /> PS folklorique : d'accord, tu es un peu faible, mais si tu es toujours à Santiago, tu as encore l'opportunité de faire, pour une fois dans ta vie, un vrai &quot;Paris-Dakar&quot; : Paris, c'est le nom du dernier bar de la rúa do Franco (la rue du Franc); Dakar en est le premier (au n° 13) et il y en a(vait ?) plein de bars entre les 2 extrêmes. L'idée c'est de prendre une belle cuite. Un grand classique des nuits Compostelannes. Tu auras un très bon refuge à Melide, si tu veux te reposer un peu plus. Essaie l'empanada galega (bcp de thon et des poivrons, ça devrait te requinquer). Eviter à tout prix la liqueur d'oruxo, eau-de-vie vraiment trop forte. ¡Animo y ultreia!
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